mardi 25 septembre 2012

Entretien avec Hong Nhung HOA



Nhung est une jeune vietnamienne de 23 ans originaire d’Hanoi.

Diplômée de l’Ecole Supérieure de Commerce Extérieur d’Hanoi, elle est parfaitement francophone.

Salariée de l’agence Vietnam Original Travel en 2011, elle a participé au voyage humanitaire d’Annie et Claude Le Goff. De sa rencontre avec Annie est née une belle amitié qui continue aujourd’hui via Internet.

Afin d’éclairer les lecteurs de ce blog sur la scolarité dans les rizières du nord du Vietnam, elle a accepté de répondre à nos questions et d’illustrer ses propos de quelques photos.

Nhung nous a fait part de son souhait de s’investir en tant que bénévole de l’association au Vietnam.
Merci à elle. 
 



 Peux-tu nous parler de la vie dans les régions montagneuses et éloignées du Nord Vietnam?

Nhung : Le Nord Vietnam est connu pour la beauté exceptionnelle de ses montagnes et de ses rizières en terrasse. Pourtant, derrière cette beauté se cachent des conditions de vie difficiles. Les habitants vivent pour la plupart de l’agriculture, sur une terre aride. C’est le seul métier qu’ils peuvent exercer pour gagner leur vie. Leur revenu dépend entièrement de la nature, qui est souvent très rude.

Il y a deux saisons de récoltes par an : mai et septembre. Ce sont les deux seules récoltes de l’année et les enfants restent donc à la maison pour aider leurs parents dans les rizières, au lieu d’aller à l’école.

Malheureusement, ces deux saisons ne sont pas suffisantes pour assurer une qualité de vie décente aux habitants. A cela, viennent s’ajouter des conditions climatiques très difficiles. La pauvreté s’installe et perdure.



  Enfants transportant de l'herbe pour le bétail, Ha Giang
 
 Pourquoi peu d'enfants sont scolarisés ?

Nhung: Les conditions de vie difficiles en sont la raison principale. Les enfants habitent dans des hameaux éloignés de l’école. Pour rejoindre l’école, ils doivent marcher jusqu'à 7km, empruntant des sentiers de montagne dangereux. 

L’école a construit des cabanons pour abriter les enfants et les inciter à rester toute la journée à l’école, mais ces constructions ne sont pas stables.

Quant aux repas, ils sont maigres et manquent d’éléments nutritionnels indispensables aux enfants. Les écoliers apportent leur repas qui consiste en un bol de riz. La viande est un luxe.

Certaines écoles possèdent une cuisine pour préparer des repas plus copieux aux enfants, mais la nourriture fait défaut.

Comment peut-on apprendre le ventre vide ?
Les photos ci-dessous nous montrent des enfants à l’heure du repas à l’école du village de Suoi Bu, quartier de Van Chan, province de Yen Bai






Les difficultés s’accroissent en hiver, où les températures descendent au-dessous de 10°C .

Les enfants portent des vêtements légers, insuffisants pour les protéger du froid. Ils marchent pieds nus, sans chaussette. De plus, ils n’ont presque rien à manger.

Comment peuvent-ils aller à l’école dans de telles conditions ?
Les photos ci-dessous ont été prises par le journaliste Hai Ninh lors d’un reportage
à Ha Giang





Quelles sont les difficultés rencontrées par les enseignants?

Nhung: Pour la plupart, ce sont de jeunes professeurs qui s’installent dans ces villages avec la volonté d’enseigner à ces enfants défavorisés, malgré des conditions difficiles : du matériel scolaire très insuffisant, un logement rudimentaire.

Ces enseignants sont dévoués : ils se déplacent au domicile des enfants, dans la montagne, pour les encourager à revenir à l’école, certains se sont même cotisés afin d’améliorer les repas des enfants.

Les photos ci-dessous ont été prises par le journaliste Nguyen Hung lors d’un reportage au village de Na Co Sa, quartier de Muong Nhe, province de Dien Bien

Au village de Na Co Sa, il n’y a pas d’électricité, les routes sont très difficiles d’accès, la pauvreté est criante.
Vue de l'école primaire et du collège de Na Co Sa






  Le tableau et les tables sont les seuls matériels mis à disposition dans les classes


                   
 Chambres des enseignants
 
Cabanons mis à disposition des écoliers

Nhung: Le Gouvernement et les associations du pays ont fait de gros efforts pour améliorer la qualité de vie des habitants des montagnes du Nord Vietnam et pour que les enfants puissent aller à l’école. Mais cela reste insuffisant. Beaucoup de travail reste à faire.