vendredi 19 avril 2013

Rencontre avec les enfants de La Pa Tan


Annie et Claude Le Goff sont au Vietnam depuis plus d’un mois.

Accompagnés de Manh Duc, le directeur de l’agence Vietnam Original Travel,  ils poursuivent leurs petites sorties à la rencontre des enfants des rizières.

Dimanche dernier, ils ont quitté Hanoi pour rejoindre le petit village de La Pa Tan situé dans la province de Lao Cai au Nord du Vietnam.  





Annie, Claude et Manh  connaissaient déjà ce petit hameau niché dans la montagne. Ils y avaient  distribué des fournitures scolaires et des paires de chaussettes en 2011.

Comme le veut notre mode de fonctionnement, Manh a contacté les institutrices par téléphone avant le départ, pour recenser les besoins.
Compte tenu du froid qui a sévi ces dernières semaines dans les montagnes, elles ont demandé des vêtements chauds pour la quarantaine d’enfants entre 2 et 5 ans qui  fréquentent les deux classes de maternelle de l’école.

Pour gagner du temps, Annie, Claude et Manh ont choisi de parcourir de nuit les 360 Kms qui séparent Hanoi de la province de Lao Cai.
Ils ont embarqué à 21h00 à bord du TGV  local (Train à Grandes Vibrations) qui relie chaque nuit la capitale au Nord Ouest du pays.






Après 9h00 de trajet chaotique dans la pénombre des rizières, leur train est arrivé à destination à 6h00 lundi matin.

Un véhicule les attendait à la gare pour les conduire au village de Cao Son perché à 1 500 m d’altitude. C’est à cet endroit que devait les rejoindre une des institutrices de l’école de La Pa Tan.

Dans cette région montagneuse, deux heures sont nécessaires pour parcourir les 80 kms de routes sinueuses entre Lao Cai et Cao Son.
Tout le long du trajet, de magnifiques paysages et des scènes de vie attirent le regard.






La jeune institutrice était à l’heure au rendez-vous. Annie, Claude et Manh  ont profité de sa présence pour finaliser les achats destinés aux enfants chez un petit commerçant  du village.





C’est sur la moto conduite par  l’institutrice qu’Annie a parcouru les derniers kilomètres de piste boueuse les séparant de l’école de La Patan .
Claude, bien encombré par son gros sac de vêtements, a fait confiance à Manh pour le mener à destination à travers un épais brouillard.




Une extrême pauvreté caractérise ce petit hameau montagnard.





215 élèves fréquentent l’école du village. Ils sont accompagnés dans leurs apprentissages par 12 institutrices dévouées.

Lors de leur visite dans la classe de maternelle, Annie a photographié la banderole ci-dessous.   




Cette phrase signifie : La maîtresse est la maman.

Au fil des rencontres avec les institutrices des petites écoles des rizières nous comprenons tout le sens de cette phrase.
Les liens qui unissent les maitresses et leurs élèves sont très forts.
C’est peut-être l’intensité de cette relation imprégnée de respect  et d’affection qui explique les immenses concessions que ces jeunes femmes acceptent de faire pour pouvoir exercer leur métier d’enseignante.


L’institutrice en anorak rouge  qui est venue chercher Annie en moto est mariée et maman d’une petite fille. Les 50 kms qui séparent l’école de son domicile ne lui permettent pas de rentrer chez elle en fin de journée.  Quand vient le soir, elle dort donc dans la classe sur les tapis où les enfants font la sieste pendant la journée.  Elle ne rejoint sa famille que le temps du week-end et pendant les vacances scolaires.




Au Vietnam, l’enseignement est plus qu’une vocation...
Nous avons le sentiment que c’est un véritable sacerdoce auquel certaines jeunes femmes vouent leur vie.  

Comme de nombreuses écoles des rizières, l’école de La Pa Tan possède sa petite cuisine bien rudimentaire.




A l’heure du déjeuner, les enfants de maternelle installent les tables et s’organisent comme des grands.





Aucun personnel de service ne contribue au bon fonctionnement de la cantine.
Quand elles le peuvent, les mamans essayent de se relayer à l’école pour préparer le déjeuner des enfants. Très accaparées par leur travail dans les rizières, elles doivent malheureusement souvent y renoncer…

La quarantaine d’élèves de maternelle, tous en claquettes malgré le froid, étaient très enrhumés.
Les maîtresses ont vraiment fait le bon choix en suggérant à l’association d’apporter des vêtements.
Les 35 pulls, 20 blousons et 80 paires de chaussettes offerts par  " l’école des rizières " permettront aux enfants d’avoir un peu plus chaud dans leurs classes sans isolation, ni chauffage.





Sur les conseils des institutrices, l’association a donné la priorité aux petits. Nos sympathiques retraités n’ont pas pour autant oublié les plus grands. Ils ont tous reçu une brosse à dent et du dentifrice.

Face aux regards intrigués des enfants, Manh a improvisé une démonstration pour leur expliquer l’usage de cet objet inconnu du plus grand nombre.




Annie et Claude ont annoncé notre passage au village en août prochain. Les institutrices nous attendront pour préparer la prochaine rentrée scolaire.

Grâce au bénéfice du repas que nous avons organisé à Lampaul Plouarzel en septembre 2012, nous prévoyons d’arriver à La Pa Tan avec une paire de bottes en caoutchouc et des paires de chaussettes pour chaque enfant inscrit dans cette école.
Pour ne pas oublier les enfants du village qui n’ont pas la chance d’être scolarisés, nous avons budgété l’achat de 300 paires de bottes.

Nous profitons de ce message pour remercier tous les Lampaulais qui nous ont fait confiance en participant à ce repas. C’est grâce à eux que ces enfants iront à l’école bien chaussés à la prochaine rentrée scolaire. (Pour information, le prochain repas organisé sur notre commune aura lieu le dimanche 13 octobre 2013 à midi et sera précédé de la première AG de l’association).

Les bottes que nous livrerons l’été prochain seront achetées à Hanoi et monteront en train jusqu’à Lao Cai. Manh organisera au départ de la gare le convoyage de la marchandise jusqu’à Cao Son et nous ferons appel à la solidarité des villageois pour les transporter en moto jusqu’à l’école de La Pa Tan .
En fonction de notre budget, nous verrons avec les institutrices ce que nous pouvons faire de plus pour ces enfants qui ont vraiment besoin d’un petit coup de pouce du destin.




Après cette journée bien remplie et riche en émotions, Annie, Claude et Manh ont rejoint la gare de Lao Cai en fin d’après-midi  pour embarquer à bord du train de nuit à destination de Hanoi.

A 5h00  mardi matin, le sifflement de la locomotive leur a annoncé  leur retour dans la capitale.

De leur voyage à La Pa Tan, Annie et Claude garderont le souvenir ému  de visages d’enfants trop rarement éclairés par des sourires et de regards tristes qui en disent long sur  les conditions de vie difficiles dans les montagnes.

Ils ont une fois de plus été bouleversés par le dévouement de ces jeunes institutrices des rizières qui consacrent leur vie à favoriser la scolarité d’enfants démunis avec le secret espoir qu’ils puissent un jour avoir accès à un avenir meilleur.   

Le diaporama musical ci-dessous vous permettra de revivre en images le déroulement de ce  voyage à La Pa Tan.



mardi 9 avril 2013

La scolarité dans le Nord-Est du Vietnam


Les voyages au Vietnam d’Annie et Claude le Goff leur avaient fait prendre conscience des nombreux problèmes de la scolarité dans le Nord-Ouest et dans l'extrême Nord du Vietnam. Ils ignoraient à ce jour la situation  dans les provinces  situées au Nord Est du pays.

Pour le découvrir, ils ont demandé à Manh Duc, le directeur de l’agence de voyage Vietnam Original Travel,  de leur faire visiter une petite école de cette région. 
Manh a pris des contacts et a convenu d’un  rendez-vous vendredi dernier dans un petit village situé à 180 km d’Hanoi dans la  province de Lang Son.





Cette région est peuplée de Viêt mais aussi d'ethnies minoritaires : Tày, Nùng, Dao, Hoa, Ngai et H'mông. La ville de Lang Son, chef-lieu de cette province s’étire le long de la rivière Ky Cung et a de tous temps servi de point de passage pour les échanges commerciaux avec la Chine. 
C'est à sa proximité frontalière que la ville de Lang Son doit sa prospérité économique.

L’objet du rendez-vous dans cette province n’était pas de mener une action humanitaire mais de rencontrer la directrice d’une petite école de campagne pour découvrir les conditions de la scolarité dans cette région. 

La directrice



Annie, Claude et Manh ne sont pas pour autant arrivés les mains vides. Le coffre de leur véhicule était chargé de fournitures destinées aux 50 élèves de maternelle qui fréquentent cette petite école excentrée dans la montagne.

A la demande des institutrices contactées avant le départ, l’association avait prévu :

- 100 crayons 
- 41 boites de crayons de couleurs
- 50 gommes
- 50 taille crayons
- 45 cahiers pour les enfants de 4 à 5 ans 
- 25 cahiers de coloriage

Annie et Claude ont attendu la fin de la sieste pour procéder à la distribution.







Les jeunes élèves rencontrés parcourent entre 2 à 5 km le matin et le soir. Les plus chanceux sont conduits par leurs parents en mobylette. Les autres font la route à pied.  Il n’y a pas de pensionnat. 
A l’heure du déjeuner, une cantine permet aux enfants de se restaurer sur place. 
Son fonctionnement est très éloigné de nos standards européens mais correspond aux normes vietnamiennes. 






La longue conversation qui a animé le déjeuner partagé avec la directrice et une institutrice de maternelle a permis à Annie et Claude de prendre conscience que la situation des enfants était correcte dans cette région  et que l’association devrait sauf cas particulier concentrer ses actions dans le Nord-Ouest  et l’extrême Nord du Vietnam où la situation est bien plus complexe.

Dans l’école visitée, la situation des institutrices est  peut-être plus difficile que celle des enfants. Elles logent à Lang Son chef-lieu de la province du même nom et parcourent à mobylette 30 km de route de montagne  deux fois par jour pour exercer leur métier d’enseignante. 
En période de mousson, le trajet est particulièrement dangereux.

Lors de la visite de l’école une des deux institutrices de maternelle était absente. 
La directrice a alerté Annie et Claude sur la situation particulièrement difficile de cette jeune femme, veuve depuis quelques mois qui était retenue à l’hôpital pour s'occuper de son bébé qui devait subir une intervention chirurgicale dans la journée.

Au Vietnam, rares sont les salariés qui bénéficient d’une protection sociale. 
Les frais de santé sont généralement entièrement à la charge des familles et les jours non travaillés ne sont pas rémunérés.

Conscients qu'à la détresse morale et financière de cette jeune femme s'ajoutaient les problèmes de santé de son enfant, Annie et Claude ont pris la décision avant de regagner Hanoï de faire un détour par l’hôpital de Lang Son pour aller à sa rencontre.
Ils lui ont offert, au nom de l’école des rizières, une enveloppe d’argent permettant de prendre en charge une partie des frais d’hospitalisation de son jeune enfant.

L’école des rizières a bien entendu pour objet de venir en aide au plus grand nombre. 
Cependant lors de nos voyages, nous croiserons sur notre route, des regards, des histoires qui ne nous laisserons pas indifférents et que nous ne pourrons pas oublier. 
Face aux dures réalités de la vie au Vietnam, nous laisserons parfois parler notre cœur comme nous l’avons fait pour cette jeune institutrice et son petit garçon.

Ce voyage à Lang Son n'aura pas été à l'origine de projets particuliers pour l'association mais aura permis à Annie et Claude de faire un beau geste de solidarité et de faire la connaissance d'une jeune équipe d'institutrices solidaires entre elles et dévouées pour la cause des enfants. Nous conserverons avec elles des liens d'amitié via Internet.

Merci à toutes les personnes qui soutiennent l'association et qui nous permettent de faire toutes ces belles choses pour les enfants et leurs institutrices.